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Vendredi 4 juin 2010
Ce matin en quittant Amman, je ne pouvais m’empêcher de penser à cette merveilleuse Jordanie. Ce trop court passage m’a laissé sur ma faim, et je me suis juré d’y revenir plus longuement un jour prochain.
Petite liaison sans histoire jusqu’à la frontière où je me présente pratiquement seul. Nous sommes vendredi, jour idéal pour circuler en terre musulmane puisque c’est un peu « leur dimanche » et il fait un calme olympien.
La sortie de Jordanie me prend moins de 10 minutes, et à peine 20 de plus pour entrer en Syrie ! Incroyable de rapidité et de simplicité ! Ce qui devait être le fait du jour, s’est transformé en simple anecdote.
Soit, c’est donc de bonne heure que nous avons posé le pneu en terre syrienne. Liaison assez courte d’une centaine de kilomètres avant d’atteindre la capitale. J’avais noté un nom d’hôtel vu dans le guide du routard emprunté à des jeunes sur le bateau entre Nuweiba et Aqaba (vous vous souvenez ?). Petit hôtel enchâssé dans une ruelle avec un décor un peu extravagant. Bagages posés et aussitôt en route vers le centre ville pour gouter la cuisine locale et faire un tour de la ville en taxi.
Damas, cette ville est la plus ancienne capitale habitée au monde. On s’accorde sur le fait qu’elle rassemble les hommes depuis au moins 4.000 ans avant notre ère.
Donc, petite visite de cette légende dans la fournaise de l’après-midi (40° !).
En début de soirée, nous sommes partis vers les hauteurs de la ville pour nous rendre, comme des milliers d’habitants, sur la corniche. Cette petite route qui serpente sur la colline offre un point de vue incomparable sur la cité. Des millions de lumières scintillent dans la nuit sur lesquelles vient se poser un ciel dégradé bleu nuit comme seul l’orient peut offrir. Les étoiles et la lune viennent parfaire ce tableau magnifique !
Encore une belle journée sur ce tour de méditerranée. Méditerranée que nous retrouverons normalement dès demain…
Samedi 5 juin
Nous y voilà revenus à cette méditerranée. Nous l’avions laissée derrière nous à Alexandrie en Egypte. Après lui avoir fait quelques infidélités avec sa voisine la mer rouge et sa lointaine cousine la mer morte, nous voici revenus à nos affaires et finalement au but de ce voyage.
La Syrie n’est pas à proprement parler impressionnante de beauté. Les paysages sont principalement ruraux et composés de grandes plaines cultivées et de collines où poussent les oliviers. Le décor ocre et sable clair ne varie guère et c’est avec résignation que je « taille » de grandes lignes droites puisque de toutes façons il n’y a pas grand-chose ailleurs.
Après avoir quitté Damas et fait la liaison avec Homs, je me dirige vers Tartus non sans avoir avec délectation croisé furtivement des plaques signalétiques indiquant Bagdad et l’Iraq… C’est une destination qui fait rêver, même si le conflit actuel qui s’y déroule refroidit un peu les ardeurs… Une autre fois, dans un autre voyage, qui sait ?
Peu après Homs, je quitte la « nationale autoroutière » pour prendre la direction du Krak des chevaliers. Forteresse gigantesque bâtie à l’occasion des premières croisades.
Cette construction est située sur un véritable nid d’aigle, elle surplombe une immense plaine reliant l’Hinterland syrien à la côte et donne un point de vue et d’observation remarquable. Elle fût sujette à de nombreux conflits entre croisés et musulmans.
Visite intéressante et impressionnante par la structure et l’épaisseur des murs de cette forteresse.
En contrebas se trouve un petit restaurant sympa avec une terrasse qui donne sur toute la plaine. Je squatte illico une table en bordure avec une vue remarquable. Petit repas composé de légumes, pâtes d’aubergine et de poids chiches et de petites brochettes de viande hachées. Le tout est servi avec du pain syrien, cela ressemble à des crêpes. On en coupe des bandes que l’on fourre avec ce qu’il y a sur la table. Le tout arrosé d’un délicieux… verre d’eau ! Hé oui, pas d’alcool ici sauf dans les grands hôtels. Ce n’est pas un grand souci pour moi, puisque quand je prends le guidon je pratique la tolérance « zéro alcool ».
Après cette pause culturelle et gustative, dernière petite liaison pour arriver dans la petite ville côtière de Tartus et enfin de reposer les yeux sur la grande bleue, sur cette méditerranée qui malgré la beauté des paysages traversés dernièrement m’avait un peu manqué…
Demain, dernière étape syrienne qui nous mènera vers Allepo. En fonction de l’heure, on y dormira où nous passerons la frontière turque… Inch Allah
Dimanche 06 juin
Dernière étape en Syrie en ce dimanche. Je décide de m’éloigner un peu des côtes afin de voir si l’intérieur du pays est aussi monotone que ce que j’ai déjà fait. Dès les premiers kilomètres le relief devient plus intéressant et bien vite je me retrouve dans les collines, voire les montagnes. A ce train là, les bornes défilent jusqu’à une petite ville appelée Masyaf. Là, je dois bien avouer que j’ai un peu « jardiné » pour finalement me louper sur l’iti prévu et pousser jusque Hamas. De là, plus d’autre choix possible que de tirer tout droit par la grand route jusque Aleppo. Y étant sur le coup de 13h, je décide de pousser de suite vers la frontière turque.
Quitter la Syrie et entrer en Turquie m’aura encore pris moins de temps que d’y entrer. Pendant que les douaniers s’occupaient de mon carnet de passage (tryptique), ils m’ont même offerts de la crème glacée…
Bref, out of Syria qui ne me laissera pas un souvenir impérissable, mais plutôt une impression sympathique de me retrouver dans les années soixante. Le rock and roll en moins évidemment. Les années 60 car aussi bien par le style d’habillement, de coupe de cheveux, de dégaines, des « réclames » le long des routes, de vieilles voitures américaines ou des innombrables effigies du président à la façon Edgard P. Jacob dans Blake et Mortimer…
C’est bizarre comme quand vous entrez dans un pays vous pouvez ou non vous sentir un peu chez vous. C’est le cas de la Turquie, dès les premiers mètres j’ai ressenti ce sentiment bizarre d’être un peu à la maison. Je suis pourtant à plus de 10.000 km de chez moi et je ne comprends pas grand chose aux indications en turque.
Je me dirige vers la petite ville côtière de Iskenderun où j’arrive vers 18h assez fatigué après une étape de plus de 500 km et surtout par un vent incroyable les 20 derniers kilomètres, qui avait pratiquement disparu sur la côte. En cherchant désespérément un hôtel, je tombe sur un groupe de motards, tous en sportives, qui prennent le soleil sur la « digue ». Je m’arrête, « salut les gars », accueil chaleureux, des foules de questions, des tapes dans le dos et des whiskies-coca chauds… Bref, pas question d’aller à l’hôtel et la seule nana du groupe se propose de nous héberger. Au vu de l’enthousiasme général, impossible de refuser… Nous voilà donc en route passer la nuit chez la charmante Phylis.
Tout le monde me donne un coup de main pour monter la KTM sur la terrasse de l’épicier d’à côté et nous voilà dans le petit appartement de Phylis et ses deux enfants. Cafés, douche et gentillesses sur gentillesses…
Quelques amis vont débarquer pour passer la soirée avec nous et nous servir d’interprètes…
Je me réjouis de cette rencontre et de vivre une soirée à l’intérieur de la Turquie !