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Jeudi 22 juillet

Dernière journée de route, dernière soirée de voyage, dernier effort avant la ligne d’arrivée…
En quittant l’Italie ce matin et en passant la frontière française, je ne pouvais m’empêcher de penser à tous ces postes frontières traversés, à toute cette route derrière nous.

Si depuis le début du mois de juillet, le chemin a été moins solitaire il n’en a pas été moins intéressant.

Cette 86ème et dernière journée de voyage a été propice à la réflexion. Une rapide plongée dans ces centaines de sourires, ces innombrables paysages, ces milliers de virages et ces centaines d’heures de plaisirs au guidon de cette valeureuse KTM.

J’ai un peu peur de « l’atterrissage », du lendemain de ce trip. Trois mois, c’est assez pour s’habituer à une autre vie, à un autre rythme.

Les pensées s’envolent, s’entrechoquent pour s’évaporer subitement sur le coup de frein de la voiture qui vous précède ou du camion qui déboîte juste devant vous.

Les kilomètres défilent… Tiens, Monaco ! Descente vers le rocher, une demi-heure de bouchons, deux ou trois photos et nous quittons les grands axes pour nous enfoncer dans les terres. La Colle sur Loup, Vence, Grasse, Le Plan de la Tour pour finalement se poser chez des amis qui nous offrent le gîte et le couvert ce soir dans leur somptueuse demeure située sur les hauteurs de Ramatuelle… Un peu au-dessus de chez BB !

Laissons-nous faire, demain rendez-vous est pris en début d’après-midi pour terminer en douceur cette parenthèse de vie.

Il faudra sans doute plusieurs semaines pour « digérer » tout cela et pouvoir livrer des impressions réfléchies sur tant et tant de ressentis…

Sentiment particulier ce soir pour la fin d’une aventure qui est quand même hors du commun…

Vendredi 23 juillet

Il est 6h30, on se prépare doucement dans le silence de la villa endormie. C’est presque un cérémonial qui dure depuis bientôt trois mois. Réunir nos bagages, refaire les sacs, prendre une douche, jeter un œil dehors et penser à l’étape. C’est différent aujourd’hui. D’abord, cette étape sera très courte et surtout, c’est la dernière.

Dès demain, tout ce cérémonial aura disparu, il faut en savourer tous les derniers instants.
Ma gorge se noue car, je sais que dans les semaines qui viennent, de nomade je vais redevenir sédentaire. Pourtant, je crois que dans nos gènes, il y a quelque chose qui nous pousse à aller voir plus loin. Je le ressens si fort que je pourrais presque faire demi-tour pour recommencer cette aventure dans l’autre sens, un peu comme si je voulais voir l’autre face, l’autre côté d’un miroir dans lequel j’ai évolué pendant 12 semaines…

A quoi bon finalement ! Tout voyage apporte ses joies mais aussi ses frustrations qui font un tout indissociable, une recette complète pour que le plat ait du goût.

On ne sort pas indemne d’une telle parenthèse. Si l’aventure était extraordinaire, le voyage intérieur n’était pas moins intense. Je l’ai déjà mentionné, mais voyager en moto aussi longtemps permet à l’esprit de suivre un chemin parallèle, de faire aussi son propre voyage.

Il est trop tôt pour livrer à chaud ce genres d’impressions (si je les livre un jour…) mais déjà je peux vous dire qu’il y aura un avant et un après le « TDM »…

L’heure avance et il va être temps d’enfiler une dernière fois nos bottes, nos casques, nos gants et de mettre en marche cette KTM qui aura été une compagne extraordinaire. Elle mérite à elle seule tout un chapitre de cette aventure tant elle a réussit à se faire oublier par son efficacité et sa fiabilité, mais aussi se faire remarquer par son caractère joueur et ses performances malgré le poids total de cet équipage.

Contact, le twin s’ébroue, nos amis nous font signe, j’enclenche la première. A tout à l’heure, après l’arrivée…

Deux heures que l’on roule. Sortie Marseille – La Valentine… Je mets le clignoteur, il reste moins de 15 kilomètres avant le point final de ce voyage. Je reste vigilant. Ce n’est pas le moment de se mettre par terre.

Nous arrivons en vue de l’usine Shark, j’ai le cœur qui bat un peu plus vite. Là voilà donc la fin de cette boucle. Un grand sourire de satisfaction parcourt mon visage. C’est gagné, c’est réussi ! 23.212 km en un seul voyage. 23.212 km sans un seul ennui technique, même pas une crevaison ni la moindre chute !
Si on peut dire que la chance nous a accompagné, on peut dire aussi que la chance, ca s’entretient ! Tout à été mis en œuvre pour ne pas avoir de soucis… Mais il est vrai que nous avons eu un brin de réussite. Tant mieux, sincèrement c’était assez dur comme cela.

Nous sommes épuisés par toute cette route, mais à aucun moment il n’y a eu de regrets de s’être embarqués dans une telle aventure.

La route s’achève… Vivement la suivante !